Quand TDAH rime avec succès: Mélanie Maynard en témoigne
Quand TDAH rime avec succès : Mélanie Maynard en témoigne!
Témoignage de Mélanie Maynard, comédienne et animatrice.
Dans mon texte Hymne à la différence, je vous explique comment je vois la différence. Pour moi, elle est ce qui fait de chacun de nous une personne unique et spéciale. Le TDAH est l’une de ces différences, avec des caractéristiques qui font partie de la personne, de ce qu’elle est, avec ses défis à relever et ses forces à exploiter.
J’ai toujours voulu aider les gens à mieux vivre avec leurs différences et à prendre la place qui leur revient dans la société. Je le fais quotidiennement dans mon travail avec les personnes que je rencontre et avec mes enfants; je les aide à mieux se connaître et se comprendre, à s’aimer, s’organiser, gérer leurs émotions, et ainsi de suite. Mais je veux faire encore plus…
Je souhaite inspirer les gens touchés de près ou de loin par le TDAH. Je désire alimenter leur espoir d’un futur prospère, d’un avenir accompli. Et, quoi de mieux pour parvenir à mes fins que d’offrir le témoignage de personnes qui ont réussi dans la vie, tout en portant en eux cette différence qu’est le TDAH?!
Un soir, alors que je regardais l’émission Recettes pompettes dans laquelle Mélanie Maynard était l’invitée, Éric Salvail a sous-entendu qu’elle aurait un TDAH. Je l’ai trouvée tellement drôle et charmante! À la fin de l’émission, je me suis dit « OMG! Je dois absolument obtenir son témoignage! Ce serait trop hot! » (Oui, oui, je me parle souvent en ado dans ma tête!). Bref, tout ça pour dire que j’ai communiqué avec elle et, rapidement, j’ai obtenu son consentement et elle a eu la gentillesse de m’offrir son témoignage, que voici.
1- Mélanie, comment as-tu su que tu avais un TDAH?
Il y a à peu près 7 ou 8 ans. J’étais tombée sur un article dans une revue où une femme adulte expliquait avoir découvert qu’elle souffrait d’un TDA. Elle décrivait ses comportements et je trouvais qu’elle semblait parler de moi; très créative, coupait souvent la parole en réunion, avait du mal à se concentrer pour écouter les autres, changeait d’idées toutes les 3 minutes, et perdait facilement le fil de son propre discours lorsqu’elle prenait la parole. Les retards fréquents aussi, le manque de gestion du temps. C’était moi tout craché. À l’époque, je travaillais sur une quotidienne avec une personne très méthodique et organisée; c’est certain que mon flou artistique et sa structure subissaient quelques confrontations. Comme ce n’était pas la mode de voir ce diagnostic chez l’adulte, il a fallu que j’attende quelques années plus tard pour m’en assurer. Quand le médecin a fait passer un test à ma fille pour voir si elle l’avait, au-dessus de son épaule, je répondais par l’affirmative à, ou à peu près, toutes les questions du test.
2- Quels défis le TDAH met-il sur ton chemin?
Sans contredit l’organisation. Autant dans ma vie privée que professionnelle. Autant avec les objets qu’avec mes idées. Je dois vraiment me concentrer très fort pour retenir les informations qu’on me transmet et pour ne pas laisser mon hamster sortir de sa cage. Parfois, lorsque j’animais des émissions, je posais une question et, en écoutant la réponse de l’invité, je me perdais sur un détail qu’il avait dit. J’avais alors un mal fou à retomber sur mes pattes et, plus je cherchais dans ma tête, plus je paniquais. C’est comme ça, je crois, que l’improvisation et la spontanéité sont devenues mes meilleures alliées.
3- Comment parviens-tu à relever ces défis?
Je m’en suis sortie à coup d’humour et d’improvisation. Mais ça prenait beaucoup de patience de mes proches, qui ont maintes fois pallié mes manques. Je dis souvent à la blague que mes enfants se sont élevés tout seuls! Si ce n’est pas vrai, ils m’ont beaucoup aidée. Ma fille, notamment, a compris tôt dans sa vie que si elle ne me mettait pas un peu de pression, elle était condamnée à toujours arriver en retard à l’école. Mon entourage sait aussi qu’on doit me répéter souvent les informations si on veut s’assurer qu’elles se rendent jusqu’à moi. Comme à peu près tout le monde, j’ai longtemps résisté à la médication. Puis, il y a 3 ans, j’ai eu plusieurs contrats à réaliser qui me demandaient une grande concentration. Ça a été un peu long avant que je trouve le bon dosage et la bonne molécule, mais maintenant que j’ai trouvé, ça fait vraiment toute une différence dans ma vie. Comme le titre du livre d’Annick Vincent, mon cerveau avait vraiment besoin de lunettes. On ne peut trouver meilleure image pour le TDA.
4- Quelles sont tes forces et caractéristiques qui ont contribué à ton succès ? Et comment?
Quand je regarde derrière, je me dis que j’ai perdu de précieuses années avant de reconnaître que j’en étais atteinte. J’avais réussi à l’école grâce à ma créativité, mais je n’ai retenu à peu près rien parce que j’étais totalement incapable de m’y concentrer. Mon estime de moi était assez faible parce que je me comparais à des gens qui comprenaient très rapidement, alors que moi je me perdais dans les méandres de mon cerveau. Toutes les matières qui faisaient appel à la logique étaient des cas désespérés pour moi. J’accrochais sur des détails et ça me prenait un temps fou avant de saisir l’ensemble du problème. Au primaire, par exemple avec les soustractions, ça m’a pris une éternité à comprendre la notion « d’emprunter chez le voisin ». Je trouvais injuste qu’on vole au plus gros chiffre!
Au cours de ma vie, j’ai dû apprendre à improviser, à être « vite » dans certains domaines pour compenser les autres où j’étais si lente. Mes « connexions étranges » m’ont permis de me démarquer au niveau de ma carrière. Comme les infos sont analysées de façon un peu différente dans ma tête, ça m’a donné un petit plus. Plus créative, plus spontanée. Et, comme mon estime était faible, j’ai rapidement développé le sens de l’humour pour me faire aimer et accepter. Encore, aujourd’hui, certains m’appellent affectueusement (je l’espère) « la bulle », à cause de mon petit côté un peu perdu. Mais, maintenant que je suis diagnostiquée et médicamentée, je suis capable de la contrôler!
Je remercie Mélanie Maynard du fond du cœur pour sa générosité et son précieux témoignage. Si certaines ou certains d’entre vous se reconnaissent dans cette différence, sachez que le TDAH peut aussi devenir un plus pour vous.