Hymne à la différence
Ma perception de la différence a toujours été positive. Depuis que je suis toute petite, je vois mes différences comme des caractéristiques particulières qui me définissent, comme un cadeau qui fait de moi une personne spéciale, une personne unique. Que ce soit parce que ma famille était différente de celle de mes amis ou pour certaines de mes caractéristiques physiques, je trouvais ces différences cocasses et je n’étais pas gênée de les partager. Je me souviens que j’aimais voir la réaction de mes amis lorsque je leur disais que la demi-sœur de mon demi-frère n’était pas ma demi-sœur. Même qu’en ce moment, j’ai un petit sourire en coin en pensant au point d’interrogation que vous devez avoir sur le visage en essayant de comprendre ce que j’ai écrit!
Je défendais aussi farouchement les personnes qui étaient intimidées en raison de leur différence. Je me souviens avoir fait une crise phénoménale à ma mère parce que ses amis faisaient des « blagues » sur les personnes de race noire. Ou encore, au secondaire, lorsque j’ai défendu un garçon qui se faisait agacer en raison de sa religion; il est d’ailleurs devenu mon meilleur ami à l’époque.
C’est donc cette philosophie qui a guidé ma réaction lorsque mon garçon est né avec une différence physique. Il a une hypertrophie des membres supérieurs droits, ce qui veut dire qu’il a le bras et la main droite plus gros que les gauches, une différence qui affecte sa dextérité fine. Aussi, dû à une irrégularité au niveau de sa respiration, il était rouge-mauve à la naissance! Sa peau s’est rapidement teintée de beige, mais parfois je l’appelais affectueusement mon petit Hellboy, au grand désarroi de certains. Ces derniers trouvaient curieux et peut-être déplacé que je lui donne un surnom mettant en évidence sa différence. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Hellboy est un superhéros un peu atypique qui a un bras plus gros que l’autre. Pour moi, l’important est qu’il s’agit d’un superhéros et qu’il a choisi d’utiliser ses forces pour faire le bien. Bien sûr que mon cœur de mère se serre lorsque je vois mon garçon essayer de prendre un petit objet sans y parvenir, et aussi lorsque je pense aux difficultés auxquelles il risque de devoir faire face… mais lorsque je l’entends dire joyeusement « attend, je vais t’aider avec ma grosse main », mon cœur de mère se remplit d’amour et de fierté.
L’autre jour, je discutais avec la mère de ma petite voisine, laquelle est lourdement handicapée. Bien entendu qu’il est très difficile pour un parent de savoir que son enfant n’a pas les mêmes capacités que les autres, qu’il risque d’être victime de moqueries et qu’il a des limites qui l’empêcheront peut-être de réaliser les rêves qu’il pourrait caresser. Mais qui au fond en est le plus affecté? C’est souvent le parent. Je ne dis pas que l’enfant n’est jamais contrarié par sa différence, mais il a une capacité d’adaptation incroyable et utilise des mécanismes de compensation qui lui permettent d’accomplir ce qu’il désire. Je regardais, donc, ma petite voisine jouer, rire et s’amuser, et j’étais touchée par toute cette joie, cette bonté et cet amour qu’elle dégageait. J’ai donc dit à sa mère : « Pour moi, votre fille joue un rôle très important dans la société, comme toutes les autres personnes qui ont des différences ». Elle m’a regardée d’un air surpris en disant : « Ah oui? Et lequel? » Je lui ai répondu : « Celui de sensibiliser à la différence, celui de démontrer qu’il est possible d’être heureux et de s’accomplir malgré la différence, celui de faire de ce monde un monde meilleur ».
Alors, toi qui es différente ou différent, oui toi, saches que tu es unique, que tu as quelque chose de spécial. Entoure-toi de gens qui sauront t’apprécier à ta juste valeur. Et surtout, apprécie ton unicité, car TA différence peut faire UNE différence!