Qu’est-ce que la consommation pour moi?

La consommation… C’est un sujet qui m’a fasciné depuis le baccalauréat et peut-être même avant, je ne sais plus. En fait, ma curiosité était de chercher à comprendre les raisons qui amènent une personne à désirer une substance, malgré les conséquences qui en découlent, même lorsqu’elles sont nombreuses. Pour me permettre d’approfondir la question, j’ai eu la chance de  faire un cours avec un enseignant un peu marginal, dont le point de vue était rafraîchissant et différent de l’image que l’on peut se faire de la consommation. Ce professeur avait commencé le cours en demandant à l’ensemble de la classe : « De quoi avez-vous de la difficulté à vous séparer pour une journée». En prenant le temps d’y réfléchir, ma liste est devenue plus longue que je l’aurais pensé: mon café du matin pour me réveiller et me sentir performante (toujours d’actualité d’ailleurs), ma voiture pour ma liberté, mon cellulaire pour la socialisation, la maison de la culture de mon quartier (j’avais peu de moyens financiers à l’époque et cela me permettait d’assister à des spectacles gratuits pour me divertir), mon mascara pour prendre soin de moi, etc. Ensuite, il nous a lancé en pleine figure, tout en souriant, que nous étions tous des consommateurs dépendants et qu’à partir de ce moment nous n’étions pas si loin des consommateurs de substances. En fait, ce que j’ai compris de cet exercice, c’est qu’il est facile de juger une personne qui consomme une substance, lorsque sa dépendance ne fait pas partie de notre liste personnelle d’habitudes. Toutefois, quand on s’arrête et qu’on regarde de près nos choix de vie, on a tous développé des mécanismes d’adaptation différents qui répondent à des besoins et dont il n’est pas si facile de  se défaire.

D’ailleurs, depuis ce temps, j’aime souvent utiliser cette technique lors de mes premières rencontres avec les jeunes et/ou leur parent. Je leur demande de décrire comment ils imaginent une personne dite «dépendante» à une substance. Parfois, les parents ressortent des clichés en décrivant une personne qui finit par tout perdre puis qui s’injecte de la drogue dans le centre-ville de Montréal.  Il est normal que le jeune ne se représenta pas la même image, car il s’y reconnait peu. Je crois que cet exercice, combiné au premier, demeure important pour le parent lorsqu’il est confronté à la consommation de son jeune. Que signifie la consommation pour moi? Quelles sont les craintes que j’entretiens concernant celle de mon enfant?

Identifier ses résistances est primordial, car souvent ce sont les images catastrophiques qui surviennent et qui peuvent créer rapidement des conflits entre le parent et le jeune. En présentant plutôt ses inquiétudes , la discussion devient plus accessible et permet de comprendre davantage le point de vue de l’enfant plutôt que de s’en éloignez.